Tour de France
Semaine n°15
Doubs chemin
Mon angine reste anecdotique, comme un gros rhume qui ferait gonfler la gorge. Il n’est pas nécessaire de rester en place. C’est reparti donc pour avancer le long de la frontière Suisse, que le sentier a tendance à beaucoup suivre. Mais celui-ci, plutôt que de suivre gentiment la délimitation, fait quelques écarts dans le pays voisin. Je fais donc en sorte d’éviter de sortir du territoire en coupant à travers champs, souvent sur des sentiers oubliés.
Ces sentiers me mènent parfois dans des endroits hors du temps, comme par exemple sur un terrain où le propriétaire, qui vit là, me propose de rester dormir dans un chalet qu’il a construit pour ses enfants. Le grand luxe. Ce genre de rencontre fait partie de celles qui nourrissent l’aventure d’histoires passionnantes. Ce n’est d’ailleurs ni la première, ni la dernière.
La suite du chemin me mène, après être redescendu des crêtes, le long du Doubs. D’abord en « surface », puis en fond de ravin dans les gorges éponymes. C’est alors un tout autre univers qui se dévoile. Très humide, cet environnement est couvert de mousse d’un vert éblouissant. Les batraciens sont de sortie. Je croise d’ailleurs nombre de salamandres, plutôt discrètes en règle générale. Ce lieu semble plein de vie. Pourtant les apparences sont trompeuses : malgré un univers très vert, la région est tout de même soumise à une forte sécheresse. En témoigne le cours d’eau relativement bas. Les traces du niveau normal de l’eau se laissent observer plus en amont.
Mais la sécheresse n’est pas le seul soucis de la région, toujours concernant le Doubs. Avec la demande abondante de comté dans le monde entier (celui-ci voyage jusqu’en Chine), la production ne cesse de croître. Or, d’après le garde pêche que j’ai interviewé, le lisier produit par les élevages puis déversé sur les versants du Doubs se retrouve directement dans la rivière. Une pollution qui entraîne une détérioration du milieu aquatique, avec une diminution des espèces vivantes, la prolifération d’algues invasives et une qualité de l’eau très relative. Un problème compliqué à régler car les agriculteurs doivent également gagner leur vie. À mon avis, il y a un beau travail à faire ici (consommer moins et local, changer les modes de production, etc.).
À suivre…
Distance parcourue : 111,4km
Dénivelé positif : 2 553m; Dénivelé négatif : 3 005m
Distance totale à pied : 1782,9km
Dénivelé positif cumulé : 88 944m; Dénivelé négatif cumulé : 87 638m
Distance parcourue totale : 2316,4km
Dimanche 17 septembre 2023