7. Des nouvelles du Tour de France

Tour de France
Semaine n°7
Du sable ou de la roche

Mon avancée vers l’est se poursuit. La forme se met en place petit à petit. Je suis capable, au fil du temps, d’enchaîner de plus en plus de kilomètres. J’ai pris l’habitude de couper les golfes en passant par le large. Ce n’est pas grand chose mais je pense que cela me permet de gagner quelques kilomètres de rame, le long des plages de sable fin dont je ne vois parfois pas le bout.

L’ambiance est complètement différente de la montagne. La solitude également. Les plages sont surpeuplées et pourtant, excepté les quelques jet-ski dont le bruit et l’odeur viennent à l’encontre de la tranquillité de la mer ventilée par l’air marin, je suis tout seul sur l’eau. Certaines plages sont immenses, et chaque mètre en avant ressemble au précédent. Il m’arrive parfois de trouver le temps long, surtout lorsque, dans ces cas là, le temps est au plus calme. 

Les jours ne se ressemblent pas pour autant. À chaque nouveau lever de soleil, un nouvel objectif, de nouvelles conditions météo. De l’absence totale de vent et de houle à une mer agitée sur laquelle soufflent des bourrasques, tantôt de face tantôt dans le dos, je me trouve face à différents cas de figure. Contrairement à la montagne, une fois de plus, je suis bien plus dépendant du temps. Si je pagaie face au vent, je force plus pour avancer moins. Au final la journée aura été moyenne en terme de kilomètres avec une fatigue plus ou moins prononcée. Si en revanche le vent me vient dans le dos, tout comme la houle, alors je suis capable d’aller très loin, sans même avoir à forcer plus que d’habitude. Celà a été le cas lorsque j’ai enchaîné 60km (32.4 Miles marins) entre Carry-le-Rouet et le Brusc. Lorsque le vent est de travers à ma direction, ce n’est pas non plus optimal car il faut sans cesse maintenir le cap alors que l’embarcation se fait déporter. Heureusement, le kayak est équipé d’un gouvernail qui me permet de ne pas utiliser plus de force pour redresser ma trajectoire. 

Je constate avec tristesse que l’horizon est constamment couvert de cet épais nuage de pollution brun. Je n’ai pas eu dans mon champ de vision une seule fois le bleu du ciel se mêlant au bleu de la mer. Certaines plages sont parsemées de déchets, ramenés par les vagues sur le rivage. Les stations balnéaires et les ports de commerce représentent pour moi les premières sources de ces dégâts observables en mer. Je ramasse chaque déchet que je croise. 

Je constate tout de même que les impacts écologiques sont plus facilement visibles en mer qu’en montagne. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils sont moindres sur les hauteurs. L’immensité de la Grande Bleue est probablement la raison pour laquelle les effets à grande échelle des impacts de l’homme se remarquent plus aisément. 

La camargue m’aura rappelé l’Ariège, sauvage et désertique. La transition entre les plages de sable et les falaises rocheuses est nette. Une fois passé Fos-sur-Mer (un désastre écologique monstrueux, soit dit en passant), il est difficile de trouver un bout de plage où accoster. Les reliefs apparaissent, comme taillés à la pointe d’un couteau. Il est agréable de voir quelque chose se dresser au dessus de l’horizon. La couleur de la mer change également. Le fond se dessine, les rochers affleurent. Je ne vais pas tarder à sortir mon masque et mon tuba pour aller visiter sous l’eau. Que ce soit dans des paysages plats et désertiques ou dans des reliefs rocheux, je prends un réel plaisir à découvrir ces espaces. 

Je suis donc à présent le long de la Côte d’Azur que je longerai, de plus ou moins près, jusqu’à Menton. Je suis d’ailleurs surpris, mais fier, de mon avancée que j’estime plus rapide que prévue. Aux deux tiers de l’étape kayak, je ne suis pas inquiet pour la suite, qui devrait se passer comme sur des roulettes. 

Vivement les prochaines aventures !

                                 À suivre …

Distance parcourue : 250km

Distance totale parcourue en kayak : 362km 

Distance totale parcourue depuis le départ : 1219km

Mardi 18 juillet 2023